
Les Procès de Paternité en Droit Familial Turc | 2025
En Turquie, une action en recherche de paternité (babalık davası) est une procédure judiciaire par laquelle la paternité biologique d’un enfant né hors mariage est établie par décision de justice lorsque le père ne reconnaît pas sa paternité. Ces actions jouent un rôle critique dans le droit de la famille turc, car elles garantissent que les enfants nés hors mariage peuvent établir des liens juridiques avec leurs pères biologiques, sécurisant des droits et protections importants.
L’objectif principal des actions en recherche de paternité est d’établir une relation juridique parent-enfant qui accorde à l’enfant l’accès à divers droits légaux, notamment l’héritage, la pension alimentaire et les prestations de sécurité sociale. Sans cette connexion légale, les enfants peuvent se voir refuser des droits et protections essentiels qui accompagnent le fait d’avoir un père légalement reconnu.
Selon le droit turc, les affaires de paternité sont considérées comme des actions déterminant le statut qui créent de nouvelles relations juridiques. Lorsqu’un tribunal statue en faveur de l’établissement de la paternité, la décision a un effet rétroactif au moment de la naissance, garantissant que les droits de l’enfant sont protégés dès le début de sa vie.
Dans cet article, en tant que Cabinet d’Avocats Soylu, nous donnerons des informations détaillées sur les procès en paternité en Turquie pour nos clients français.
Base légale pour les actions en recherche de paternité
Le fondement juridique principal pour les actions en paternité en Turquie est l’Article 301 du Code civil turc (Türk Medeni Kanunu – TMK), qui stipule :
- La mère et l’enfant peuvent demander au tribunal d’établir la relation paternelle entre l’enfant et le père.
- L’action doit être intentée contre le père ou, si le père est décédé, contre ses héritiers.
- L’action en recherche de paternité doit être notifiée au Procureur de la République et au Trésor ; si l’action est intentée par la mère, au tuteur légal ; si intentée par le tuteur légal, à la mère.
Cette disposition reflète l’engagement du système juridique turc à protéger les droits des enfants nés hors mariage. La loi vise à prévenir les injustices qui pourraient résulter de la réticence d’un père à reconnaître son enfant en fournissant une voie judiciaire pour établir la paternité.
Le cadre actuel a évolué à partir des versions antérieures du Code civil turc, avec des réformes significatives renforçant les droits des enfants nés hors mariage et alignant le droit turc sur les normes internationales pour les droits des enfants.
Qui peut intenter une action en recherche de paternité ?
Selon le droit turc, le droit d’initier une action en recherche de paternité est accordé à des individus spécifiques ayant un intérêt direct dans l’établissement de la paternité de l’enfant.
Droits de dépôt de la mère | Droits de dépôt de l’enfant |
---|---|
Doit déposer dans un an après la naissance de l’enfant | Aucune limitation de temps (décision de la Cour constitutionnelle) |
Le délai commence après que la paternité existante soit invalidée | Peut être représenté par un tuteur légal si mineur |
Peut réclamer les frais personnels liés à la naissance | Peut réclamer une pension alimentaire et autres droits |
Le droit est personnel et exclusif | Le droit est indépendant des actions de la mère |
Peut déposer pour retard justifiable dans un mois | Le droit de dépôt continue pendant l’enfance |
Droit de la mère à déposer
La mère de l’enfant a un droit indépendant d’intenter une action en recherche de paternité. Elle peut poursuivre cette action pour établir la relation juridique parent-enfant entre son enfant et le père biologique. Ce droit est personnel et exclusif à la mère, ce qui signifie que personne ne peut la forcer à intenter une telle action si elle choisit de ne pas le faire.
La mère doit intenter l’action dans un an après la naissance de l’enfant. Cependant, s’il existe une relation paternelle préexistante avec un autre homme qui doit d’abord être invalidée, la période d’un an commence à la date où cette relation est terminée. S’il y a des raisons justifiables de retard, la mère peut déposer dans un mois après que ces raisons cessent d’exister.
Droit de l’enfant à déposer
L’enfant a également un droit indépendant d’intenter une action en recherche de paternité. Suite à une décision historique de la Cour constitutionnelle turque en 2011, le droit de l’enfant d’intenter une action en recherche de paternité n’est plus soumis à aucune limitation de temps. Les restrictions précédentes de l’Article 303/2 du Code civil ont été déclarées inconstitutionnelles, reconnaissant la nature fondamentale du droit de l’enfant à connaître ses origines biologiques.
Si l’enfant est mineur, l’action peut être intentée par un tuteur légal nommé par le tribunal (kayyım). Le droit du tuteur de déposer continue pendant toute sa période de nomination.
Les droits de la mère et de l’enfant d’intenter des actions en recherche de paternité sont indépendants l’un de l’autre. Cela signifie que la décision de la mère de ne pas intenter d’action, ou même son retrait d’une action, n’affecte pas le droit de l’enfant de poursuivre la détermination de paternité.
Exigences pour intenter une action en recherche de paternité
Plusieurs exigences clés doivent être remplies avant qu’une action en recherche de paternité puisse procéder dans le système juridique turc.
Identification de la mère
La première exigence essentielle est que la mère de l’enfant doit être connue. Les tribunaux turcs maintiennent constamment que les actions en recherche de paternité ne peuvent pas être intentées pour des enfants dont les mères sont inconnues. Cette exigence découle de la connexion logique entre l’établissement de la maternité comme prérequis pour déterminer la paternité.
Aucune relation paternelle existante
Une action en recherche de paternité ne peut pas être intentée si l’enfant a déjà une relation paternelle légalement établie avec un autre homme. Dans de tels cas, cette relation existante doit d’abord être invalidée par une action en désaveu de paternité (soybağının reddi davası) avant qu’une nouvelle réclamation de paternité puisse être poursuivie.
Par exemple, si une femme mariée donne naissance à un enfant conçu avec un homme autre que son mari, l’enfant est légalement présumé être l’enfant de son mari. Avant d’intenter une action en recherche de paternité contre le père biologique, la paternité légale existante doit être contestée et terminée.
Exigences de notification
Le droit turc impose des obligations de notification spécifiques lors du dépôt d’une action en recherche de paternité. Selon l’Article 301/3 du Code civil turc, l’action en recherche de paternité doit être notifiée à :
- Le Procureur de la République (Cumhuriyet Savcısı)
- Le Trésor (Hazine)
- Si intentée par la mère, au tuteur légal de l’enfant (kayyım)
- Si intentée par le tuteur légal, à la mère
Ces notifications sont des exigences procédurales essentielles, bien que les parties notifiées ne deviennent pas des parties au procès. Le défaut de remplir ces exigences de notification peut entraîner des défauts procéduraux qui pourraient affecter la validité de la procédure.
Procédures légales dans les affaires de paternité
Le processus d’action en recherche de paternité suit des règles procédurales spécifiques énoncées dans le Code civil turc et la Loi de procédure civile.
Processus de dépôt
Pour initier une action en recherche de paternité, le demandeur doit soumettre une pétition écrite au tribunal compétent. Cette pétition devrait inclure :
- Informations personnelles des parties (mère, enfant et père présumé)
- Exposé des faits soutenant la réclamation de paternité
- Fondements juridiques pour la réclamation
- Preuves à présenter
- Demandes spécifiques (établissement de paternité, pension alimentaire, etc.)
Si l’enfant est mineur et n’est pas représenté par la mère, un tuteur légal (kayyım) doit être nommé par le Tribunal civil de paix (Sulh Hukuk Mahkemesi) pour représenter les intérêts de l’enfant dans la procédure. La nomination du tuteur est particulièrement importante lorsque les intérêts de la mère pourraient entrer en conflit avec ceux de l’enfant.
L’action est soumise à des frais de tribunal fixes (maktu harç) plutôt qu’à des frais proportionnels, la rendant plus accessible indépendamment des réclamations financières impliquées.
Processus de notification
Une fois l’action intentée, le tribunal doit assurer une notification appropriée à toutes les parties concernées. Comme mentionné précédemment, la loi exige la notification au Procureur de la République, au Trésor, et soit au tuteur légal soit à la mère, selon qui a intenté l’action.
Le défendeur (père présumé ou ses héritiers) doit être formellement signifié avec les documents de l’action conformément aux procédures de notification énoncées dans la Loi de notification. Une signification appropriée est essentielle pour garantir le droit de défense du défendeur et la validité globale de la procédure.
Preuves dans les affaires de paternité
Établir la paternité par voie judiciaire nécessite des preuves convaincantes. Le droit turc fournit divers moyens de preuve dans les affaires de paternité.
Méthodes de preuve traditionnelles | Méthodes scientifiques modernes |
---|---|
Témoignages sur la relation | Test ADN (99,9% de précision) |
Lettres et messages entre les parties | Analyse des groupes sanguins |
Photos et enregistrements d’être ensemble | Anthropobiométrie (mesures corporelles) |
Reçus de paiement pour les frais de grossesse | Évaluation de similarité (traits du visage) |
Témoignages de reconnaissance | Examen médical de la chronologie de grossesse |
Présomption de paternité
Le Code civil turc établit une présomption réfutable de paternité pour faciliter la charge de la preuve dans ces affaires. Selon cette présomption, si la mère a eu des rapports sexuels avec le père présumé pendant la période entre 300 et 180 jours avant la naissance de l’enfant, il est présumé être le père.
Pour bénéficier de cette présomption, le demandeur doit prouver l’existence de rapports sexuels pendant la période pertinente. Cela peut être établi par diverses formes de preuves, notamment :
- Témoignages
- Correspondance entre les parties
- Enregistrements de visites fréquentes
- Le paiement des frais de naissance par le père présumé
- Autres preuves circonstancielles suggérant une relation intime
Il est important de noter que la présomption s’applique indépendamment de l’utilisation de contraceptifs ou si les rapports étaient incomplets, tant qu’il y a eu contact sexuel pendant la période critique.
Le défendeur peut réfuter cette présomption en :
- Prouvant qu’avoir un enfant de cette relation est biologiquement impossible
- Prouvant qu’aucune relation sexuelle n’existait
- Démontrant qu’un autre homme est plus susceptible d’être le père de l’enfant
Preuves scientifiques
Les méthodes scientifiques modernes ont révolutionné la détermination de paternité. La preuve scientifique la plus fiable et largement utilisée dans les affaires de paternité turques est le test ADN.
Le test ADN offre une probabilité de paternité dépassant 99,9% lorsqu’il est positif, en faisant l’étalon-or pour la détermination de paternité. Le test compare les marqueurs génétiques entre le père présumé et l’enfant pour établir la parenté biologique.
Les tribunaux turcs ont l’autorité d’ordonner un test ADN dans le cadre de leurs pouvoirs d’enquête d’office. Selon l’Article 284 du Code civil turc, chacun est obligé de se soumettre à un prélèvement sanguin ou de tissu pour la détermination de paternité, à condition que :
- C’est nécessaire pour résoudre le différend
- C’est scientifiquement fondé
- Cela ne pose pas de risque pour la santé
Si le défendeur refuse de se conformer à un test ADN ordonné par le tribunal sans justification valide, le tribunal peut interpréter ce refus contre lui, le considérant potentiellement comme un aveu tacite de paternité.
Autres méthodes d’examen médical utilisées dans les affaires de paternité incluent :
- Analyse des groupes sanguins
- Anthropobiométrie (évaluation des mesures corporelles)
- Évaluation de similarité (similarités faciales et corporelles)
- Durée de grossesse et évaluation du développement de l’enfant
Le rôle du tribunal dans les affaires de paternité
Les affaires de paternité en Turquie suivent des principes procéduraux spécifiques qui mettent l’accent sur le rôle actif du tribunal dans l’établissement de la vérité.
Le tribunal applique le principe d’enquête d’office (re’sen araştırma ilkesi), ce qui signifie que le juge a l’autorité et le devoir d’enquêter sur les faits matériels de manière indépendante, au-delà de ce que les parties présentent. Ce principe est particulièrement important dans les affaires déterminant le statut comme les actions en recherche de paternité, où l’intérêt public est en jeu.
Les juges ont un large pouvoir discrétionnaire dans l’évaluation des preuves dans les affaires de paternité. Bien que les preuves scientifiques comme le test ADN portent un poids significatif, le tribunal doit considérer toutes les preuves disponibles de manière holistique. L’évaluation du juge n’est pas strictement liée aux résultats d’une seule pièce de preuve, y compris les tests ADN, bien qu’en pratique, les tribunaux statuent rarement contre des preuves ADN claires.
La charge de la preuve dans les affaires de paternité incombe initialement au demandeur (la mère ou l’enfant) d’établir les faits soutenant la réclamation de paternité. Cependant, une fois que le demandeur établit une présomption de paternité en prouvant les rapports sexuels pendant la période pertinente, la charge se déplace vers le défendeur pour réfuter cette présomption.
Conséquences de la détermination de paternité
Lorsqu’un tribunal statue que le défendeur est le père biologique de l’enfant, cette décision a des implications légales significatives.
Effets légaux pour l’enfant | Conséquences financières pour le père |
---|---|
Établissement de filiation avec effet rétroactif | Paiements de pension alimentaire jusqu’à l’âge adulte |
Droits de succession du père | Remboursement des frais de naissance |
Droit d’utiliser le nom de famille du père | Coûts de soins pré et post-natals (6 semaines chacun) |
Prestations de sécurité sociale par le père | Frais liés à la grossesse |
Droits de nationalité si applicable | Contribution aux frais d’éducation |
Effets légaux pour l’enfant
La conséquence la plus fondamentale est l’établissement de filiation légale entre le père et l’enfant. Cela crée une relation juridique parent-enfant complète avec tous les droits et obligations associés.
La décision du tribunal a un effet rétroactif à la naissance de l’enfant, signifiant que la relation légale est considérée comme ayant existé depuis ce moment. Cela permet à l’enfant de :
- Hériter du père
- Utiliser le nom de famille du père s’il le souhaite
- Bénéficier de la sécurité sociale par le père
- Revendiquer des droits de nationalité si applicable
Dans les cas où le père est décédé avant la conclusion de l’affaire de paternité, la paternité établie permet à l’enfant de revendiquer des droits de succession de la succession du père.
Conséquences financières
Une détermination de paternité réussie inclut souvent des obligations financières pour le père :
- Pension alimentaire (iştirak nafakası) : Le père doit contribuer aux frais d’entretien et d’éducation de l’enfant proportionnellement à sa capacité financière. Cette obligation continue jusqu’à ce que l’enfant atteigne l’âge adulte ou termine ses études supérieures.
- La mère peut réclamer des frais spécifiques sous l’Article 304 du Code civil turc :
- Frais de naissance
- Frais de subsistance pendant six semaines avant et après la naissance
- Autres frais liés à la grossesse et à l’accouchement
Si l’enfant était mort-né, le tribunal peut encore ordonner au père de couvrir ces frais maternels.
Lorsque l’action en recherche de paternité est intentée contre les héritiers du père (en cas de son décès), les réclamations de pension alimentaire ne peuvent pas être combinées avec la détermination de paternité. Cependant, les réclamations d’allocation d’assistance sous les Articles 364-365 du Code civil turc peuvent être poursuivies.
Juridiction et compétence territoriale
En Turquie, les Tribunaux de la famille (Aile Mahkemesi) ont juridiction sur les affaires de paternité. Dans les endroits où les Tribunaux de la famille n’ont pas été établis, les Tribunaux civils de première instance désignés (Asliye Hukuk Mahkemesi) traitent ces affaires avec la capacité d’un Tribunal de la famille.
Selon l’Article 283 du Code civil turc, les affaires de paternité peuvent être intentées devant le tribunal du :
- Domicile de l’une ou l’autre partie au moment du dépôt
- Domicile de l’une ou l’autre partie au moment de la naissance de l’enfant
Pour les affaires impliquant des éléments étrangers, la juridiction est déterminée selon l’Article 41 de la Loi de droit international privé et de procédure (Loi n° 5718).
Jurisprudence de la Cour suprême sur les affaires de paternité
Plusieurs décisions historiques de la Cour suprême turque (Yargıtay) ont façonné l’application des lois sur la paternité :
La Cour suprême a constamment maintenu qu’aucune limitation de temps ne s’applique aux actions en recherche de paternité intentées par les enfants suite à la décision de la Cour constitutionnelle invalidant les restrictions de temps dans l’Article 303/2 du Code civil.
Dans les cas où les preuves ADN établissent de manière concluante la paternité biologique, la Cour suprême soutient généralement l’affirmation de paternité, même lorsque d’autres preuves circonstancielles pourraient suggérer le contraire, reconnaissant la haute fiabilité scientifique du test ADN.
Les décisions de la Cour suprême ont souligné l’importance de la notification appropriée à toutes les parties requises, y compris le Procureur de la République et le Trésor, considérant cela comme une exigence procédurale obligatoire.
La Cour a également clarifié que lors du dépôt à la fois d’une action en recherche de paternité et d’une action en désaveu de paternité (pour terminer une paternité légale existante), l’affaire de désaveu de paternité doit être résolue en premier avant de procéder à la nouvelle détermination de paternité.
Conclusion
Les actions en recherche de paternité en Turquie servent de mécanisme juridique crucial pour établir les relations parent-enfant lorsque le père biologique ne reconnaît pas volontairement son enfant. Le système juridique turc a évolué pour fournir de fortes protections aux enfants nés hors mariage, garantissant leur droit de connaître leurs origines biologiques et de bénéficier du soutien juridique, émotionnel et financier des deux parents.
La suppression des limitations de temps pour les enfants intentant des actions en recherche de paternité représente un progrès significatif dans la protection des droits des enfants. De plus, la dépendance croissante aux preuves scientifiques, particulièrement le test ADN, a grandement amélioré la précision et l’équité des déterminations de paternité.
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