Restructuration par Conciliation dans le Droit Turc
MÉTHODES APPLICABLES POUR SORTIR DE LA FAILLITE : RESTRUCTURATION PAR CONCILIATION
La détresse financière est un défi majeur pour les entreprises. Pour aider les entreprises et coopératives en difficulté financière, le législateur a mis en place un processus de restructuration par conciliation comme une autre méthode. Cette approche permet aux organisations de développer un plan visant à parvenir à un accord avec leurs créanciers et de renouveler leurs activités.
Nous avons mentionné dans un article précédent que l’institution du sursis à la faillite, conçue pour protéger les créanciers des conséquences de la faillite et sauver l’entreprise du désastre financier, avait été supprimée de notre système juridique pour diverses raisons. Nous avons simplifié les processus et résultats complexes du concordat, la première mesure corrective pour améliorer la situation financière des entreprises débitrices et surmonter la faillite, et vous pouvez évaluer la pertinence pour votre entreprise ici.
Une société de capitaux ou une coopérative, si elle est incapable de payer ses dettes immédiates ou si ses créances actuelles ne suffisent pas à couvrir ses dettes, ou si elle risque de se retrouver dans l’une de ces situations, peut prendre des mesures pour améliorer sa situation financière en présentant un projet de restructuration.
Le processus consiste généralement en la négociation du projet de restructuration d’une société de capitaux ou d’une coopérative en mauvaise situation financière, le vote sur le projet, et, si le nombre nécessaire est atteint, la validation par le Tribunal de Commerce. Pendant la période entre la demande et l’approbation, le tribunal peut, sur demande, nommer des auditeurs intérimaires pour surveiller les opérations de l’entreprise débitrice et protéger ses actifs. Après l’approbation du projet, un inspecteur de projet est nommé pour superviser son implémentation. L’inspecteur de projet et les auditeurs intérimaires sont choisis parmi des comptables agréés qualifiés. L’objectif final est de remettre l’entreprise sur les rails conformément aux réglementations spécifiées par la loi.
CONDITIONS POUR BÉNÉFICIER DE LA RESTRUCTURATION PAR CONCILIATION
Dans notre législation, pour pouvoir appliquer à la restructuration par conciliation, il faut :
– L’État Financier de l’Entreprise ; être dans l’impossibilité de payer ses dettes immédiates
La détermination de l’impossibilité de l’entreprise à payer ses dettes immédiates est basée sur l’incapacité de l’entreprise à payer ses dettes, ou le fait qu’il sera compris qu’elle ne pourra pas payer ses dettes lorsqu’elles deviendront exigibles, et que sans restructuration, cette situation continuera.
– L’État Financier de l’Entreprise ; Les créances actuelles ne suffisent pas à couvrir les dettes
La détermination que les actifs actuels et les créances ne suffisent pas à couvrir les dettes est basée sur les valeurs de vente probables des actifs existants de l’entreprise, en tenant également compte des dettes conditionnelles ou échelonnées, préparées par un comptable agréé qui établit un bilan intermédiaire, un tableau de flux de trésorerie et d’autres documents d’évaluation.
– Il est fortement probable que l’entreprise se retrouve dans l’une des situations ci-dessus
Le risque que l’entreprise se retrouve dans l’une des situations mentionnées ci-dessus est déterminé en fonction de la probabilité que l’une des situations de la deuxième ou troisième clause se produise bientôt et de manière inévitable.
– Être une société de capitaux ou une coopérative
Les sociétés de capitaux incluent les sociétés anonymes, les sociétés en commandite par actions et les sociétés à responsabilité limitée. Ces entreprises peuvent demander la restructuration par conciliation. Toutefois, certaines institutions financières telles que les banques et les compagnies d’assurance ne peuvent bénéficier de ces dispositions en raison de l’interdiction stipulée par la Loi sur l’Exécution et la Faillite.
Ces deux éléments doivent être présents ensemble pour que le processus puisse être exploité par l’entreprise.
PROJET DE RESTRUCTURATION
Une fois les conditions de la restructuration par conciliation établies, la première étape à prendre pour appliquer est de créer un projet de restructuration qui a été négocié à l’avance et accepté par les créanciers affectés avec la majorité requise.
Les créanciers affectés par le projet de restructuration représentent les créanciers, leurs droits ou intérêts qui seront restructurés, tandis que la majorité nécessaire est déterminée en fonction du fait que les créanciers qui ont participé au vote et sont affectés par le projet représentent au moins la moitié du total et que les votes des créanciers représentent au moins les deux tiers des créances.
Le débiteur a le droit de choisir librement les créanciers qu’il consultera pour négocier le projet et solliciter leurs votes pour l’approbation, en restant limité aux parties affectées par la restructuration. Les créanciers invités aux négociations sont considérés comme étant affectés par le projet, bien que le débiteur doive envoyer à ces créanciers invités les listes de tous les créanciers affectés et non affectés. Cette liste indique également les créanciers qui sont substantiellement similaires mais non affectés par le projet.
Bien que cela ne soit pas une exigence, le débiteur peut classifier les créanciers affectés par le projet, en veillant à ce que les créances substantiellement similaires soient classées dans la même catégorie, et en montrant cette classification dans la liste.
Que Comprend le Projet ?
Le projet préparé pour la restructuration des dettes du débiteur comprend des éléments importants tels que la situation des créanciers, les impacts sur les contrats et les actifs, les options de financement possibles, la supervision de l’implémentation, et le traitement des créanciers qui rejettent le projet. En préparant le projet, il est important de réglementer tous les éléments énumérés ci-dessous :
1. Les conditions auxquelles les créanciers affectés par le projet seront soumis et comment l’égalité sera assurée entre les créanciers ayant des créances similaires.
2. L’impact du projet sur les contrats auxquels le débiteur est partie.
3. L’impact du projet sur la capacité du débiteur à disposer de son patrimoine.
4. Si nécessaire pour la restructuration des dettes, si le débiteur fera appel à des sources de financement telles que des crédits.
5. La cession partielle ou totale de l’entreprise du débiteur, la fusion avec une autre entreprise ou entreprises, la modification de la structure de capital ou des statuts, la détermination des personnes qui seront impliquées dans la gestion de l’entreprise débitrice, l’extension des échéances des dettes, la modification des taux d’intérêt, l’émission de valeurs mobilières, et d’autres méthodes qui pourraient faciliter l’implémentation du projet.
6. Qui supervisera l’implémentation du projet après la décision d’approbation et comment.
7. À moins que le créancier qui a rejeté le projet n’accepte explicitement moins que ce qui est prévu pour sa catégorie, ce créancier sera traité de manière égale aux créances similaires.
Comment le Projet Sera-t-il Négocié ?
Concernant l’invitation des créanciers au vote sur le projet, le débiteur est tenu de fournir aux créanciers affectés par le projet les documents nécessaires pour prendre une décision concernant le projet. Ces documents peuvent être envoyés aux créanciers par lettre recommandée avec accusé de réception ou par notification notariale, et comprennent :
1. Le projet dûment signé et scellé par le débiteur, les conditions du projet pour les créanciers, et les documents démontrant l’autorité du débiteur.
2. Un résumé du rapport préparé par un organisme d’audit indépendant,
3. Un résumé du rapport d’analyse de faillite
4. La liste des créanciers
5. Un tableau montrant tous les créanciers affectés et non affectés
6. Une déclaration montrant les facteurs et les raisons qui ont mis l’entreprise en difficulté financière
7. Un plan montrant la stratégie pour surmonter le goulot financier par la restructuration
8. Les conditions pour l’implémentation du projet
9. Les attentes et conditions pour obtenir le financement nécessaire
10. Les obligations fiscales
11. Les risques et obstacles économiques, politiques, juridiques, commerciaux et fiscaux qui pourraient causer l’échec du projet
12. L’invitation au vote
13. Les documents montrant la situation financière
Comment le Vote sur le Projet Sera-t-il Effectué ?
a. Invitation au Vote
L’invitation au vote envoyée aux créanciers comprend des informations importantes telles que le montant des créances, comment le vote sera effectué (par courrier ou lors d’une réunion), la procédure de vote spéciale et la date du vote. L’invitation doit également informer ce qui se passera si le créancier ne participe pas à la réunion ou ne vote pas dans le délai spécifié. L’invitation doit également inclure le nom et le titre du responsable du vote et une liste de tous les documents inclus dans l’invitation.
Si le débiteur prévoit une réunion pour le vote, l’invitation doit clairement indiquer la date, l’heure et le lieu de la réunion. Si aucune réunion n’est prévue, l’invitation doit informer les créanciers de la date à laquelle ils doivent voter et de la méthode de vote. L’invitation au vote doit être envoyée suffisamment à l’avance par rapport à la date du vote pour donner aux créanciers affectés le temps de revoir les informations et de prendre une décision.
b. Procédure de Vote
Si le débiteur décide d’organiser une réunion de vote, il doit choisir un jour, une heure et un lieu qui conviennent à tous les créanciers affectés et facilitent leur participation. La réunion doit être supervisée par un notaire nommé par le débiteur ou un tiers qui pourrait être sélectionné ultérieurement comme inspecteur de projet, ayant les qualifications nécessaires. L’officier de vote est responsable de la gestion du processus de vote, y compris tenir le registre des participants, collecter les bulletins de vote, enregistrer les résultats du vote et préparer un rapport résumant le processus de vote et les résultats pour être soumis au tribunal de commerce.
DEMANDE DE RESTRUCTURATION PAR CONCILIATION
Trois conditions doivent être remplies pour pouvoir demander la restructuration par conciliation. Premièrement, l’entreprise doit être une société de capitaux ou une coopérative. Deuxièmement, elle doit connaître une baisse de stabilité financière, c’est-à-dire qu’elle doit être dans l’impossibilité de payer ses dettes impayées, être dans l’incapacité de payer ses dettes actuelles et futures, ou être à risque de se retrouver dans l’une de ces situations. Enfin, elle doit présenter un projet de restructuration qui a été négocié à l’avance et accepté par les créanciers affectés. Une entreprise peut seulement faire une demande de restructuration par conciliation si toutes ces conditions sont remplies.
Lors de la soumission de la demande de restructuration, les documents suivants doivent être inclus :
1. Le projet de restructuration lui-même.
2. Un bilan, un état des résultats et d’autres documents fournissant une vue détaillée de la situation financière du débiteur.
3. Des documents montrant que le projet permettra au débiteur de rembourser ses dettes selon le plan de paiement et d’améliorer son flux de trésorerie.
4. La liste des créanciers affectés et non affectés et leurs créances.
5. Des déclarations décrivant le processus de négociation préalable à la demande avec des preuves que suffisamment d’informations ont été fournies aux créanciers affectés.
6. Des déclarations et signatures des créanciers affectés qui ont approuvé le projet, datées et notariées.
7. Un document montrant la comparaison entre les montants des créances des créanciers dans le cadre du projet et ce que les créanciers recevraient si le débiteur était en faillite.
8. Un tableau montrant que la majorité des créanciers en nombre et en montant a été atteinte.
9. Des rapports d’analyse financière préparés par un cabinet d’audit indépendant montrant que le débiteur peut répondre aux conditions du projet.
Quelles Mesures Seront Prises Après la Demande ?
Tout d’abord, le tribunal fixe une date d’audience dans les 30 jours suivant la réception de la demande. Le tribunal annonce ensuite la portée et les résultats du projet et la date et l’heure de l’audience où les objections seront soulevées. Si le débiteur ou le créancier le demande, le tribunal peut prendre des mesures pour protéger les actifs du débiteur jusqu’à ce qu’une décision finale soit prise. Pendant cette période, si nécessaire, le tribunal peut nommer un auditeur intérimaire pour gérer les opérations du débiteur. Le tribunal peut également suspendre les poursuites et les actions engagées par les créanciers affectés contre le débiteur, ainsi que les poursuites et actions menées en vertu de la loi n° 6183 sur les Procédures de Recouvrement des Créances Publiques, interdire de nouvelles poursuites pour les créanciers affectés, et décider de ne pas appliquer les mesures conservatoires et les saisies conservatoires pour la période intérimaire. Pendant cette période, si nécessaire pour la continuité de l’entreprise ou si jugé nécessaire pour préserver ou augmenter la valeur des actifs, le débiteur peut recourir à des financements tels que des crédits ou des matières premières. Si une garantie est requise, elle sera fournie en priorité par des biens mobiliers ou immobiliers du débiteur qui n’ont pas été précédemment hypothéqués.
Procédure d’Examen de la Demande et Décision Finale du Tribunal
Lors de l’audience d’approbation, le tribunal écoute l’auditeur intérimaire, les représentants de l’entreprise débitrice et les créanciers présents. Si le tribunal détermine que le débiteur a agi de bonne foi dans sa demande de restructuration, que les conditions requises pour la demande ont été remplies, et que chaque créancier qui a rejeté le projet recevra une somme équivalente à ce qu’il aurait reçu en cas de liquidation de la faillite, le tribunal approuve la demande dans les trente jours. Sinon, le tribunal rejettera la demande. Avec la décision d’approbation, le tribunal peut nommer un ou plusieurs inspecteurs de projet qui auront uniquement l’autorité de superviser l’implémentation du projet et de rapporter régulièrement aux créanciers.
La décision d’approbation ou de rejet peut être contestée en appel par le débiteur et les créanciers qui ont soulevé des objections lors de l’audience d’approbation dans les dix jours suivant la notification de la décision. L’examen de l’appel est effectué rapidement, et aucune demande de correction de la décision n’est autorisée après.
Conséquences de l’Approbation de la Restructuration par Conciliation
Après l’approbation de la demande de restructuration, les dispositions du projet entrent en vigueur et remplacent les termes des contrats entre le débiteur et les créanciers affectés. Si la décision d’approbation du projet est annulée par la Cour de cassation à la suite d’un examen d’appel, l’exécution de la décision d’approbation est automatiquement suspendue, mais les actions entreprises jusqu’à la décision d’annulation restent valides.
Même si le débiteur n’est pas directement affecté par le projet, les dispositions contractuelles qui pourraient entraîner un défaut de paiement ou une violation du contrat en raison de la restructuration du débiteur ne seront pas appliquées pendant la procédure de restructuration. Si le tribunal rejette la demande d’approbation, les mesures prises par le tribunal sont levées, et les procédures et actions judiciaires se poursuivent.
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