Procès en paternité pour un enfant né hors mariage en Turquie

Procès en paternité pour un enfant né hors mariage

Dans cet article, le procès en paternité pour un enfant né hors mariage sera examiné dans le cadre du Code civil turc, couvrant des sujets tels que les conditions du procès, les parties, la charge de la preuve, le délai de prescription et les conséquences. De plus, les décisions de la Cour suprême sur le sujet seront incluses pour fournir une meilleure compréhension de la situation pratique.

 

1 – Définition et objectif du procès en paternité

Un procès en paternité est un procès intenté pour déterminer légalement un enfant né hors mariage. Ce procès, réglementé à l’article 301 du Code civil turc, permet au tribunal d’établir la lignée entre l’enfant et le père.

L’objectif principal du procès est de garantir les droits de l’enfant né hors mariage en établissant un lien juridique avec le père. Grâce à cela, l’enfant peut acquérir de nombreux droits tels que la pension alimentaire et l’héritage.

Note : Pour expliquer la différence entre les concepts souvent confondus de “père réel” et “père biologique” dans les procès en paternité ; Le père biologique est le père génétique de l’enfant, c’est-à-dire la personne portant l’ADN de l’enfant. Le père réel fait référence à la personne qui détient légalement le titre de père. Cette personne peut être le père biologique, ou quelqu’un d’autre qui a acquis le titre légal de père par décision de justice, reconnaissance, adoption, etc. Par conséquent, la paternité biologique et la paternité légale peuvent ne pas toujours coïncider.

 

2 – Conditions du procès en paternité

Note : Selon la loi sur la mise en œuvre et la méthode d’application du Code civil turc n° 4722, les procès en paternité intentés avant l’entrée en vigueur du nouveau Code civil turc seront également jugés selon les dispositions du Code civil turc (Loi n° 4722 Art. 13/para. 1). Par conséquent, les dispositions pertinentes du Code civil s’appliqueront également aux procès en paternité intentés avant le 01.12.2002 et non conclus avant cette date.

 

A) Naissance hors mariage

Pour qu’un procès en paternité puisse être intenté, l’enfant doit être né hors mariage. Pour les enfants nés dans le cadre du mariage, la présomption de paternité s’applique, il n’est donc pas nécessaire d’intenter un procès en paternité pour ces enfants.

Exception : Cependant, un procès en paternité peut être intenté même pour les enfants nés dans le cadre du mariage dans les cas où la présomption de paternité a été réfutée. Par exemple, s’il est compris que l’enfant n’est pas du mari à la suite d’un procès en contestation de filiation intenté par le mari, un procès en paternité peut être intenté contre le père réel.

 

B) Enfant non reconnu

L’une des conditions importantes pour intenter un procès en paternité est que l’enfant n’a pas été reconnu par le père. Si le père a reconnu l’enfant, il n’est pas nécessaire d’intenter un procès en paternité car la filiation a déjà été établie.

 

C) Délai de prescription du procès

Tout d’abord, il convient de noter que le procès en paternité est soumis à un délai de forclusion, et non à un délai de prescription. Cette distinction importante joue un rôle crucial en termes de nature du procès et des conditions pour l’intenter. Le délai de forclusion est la période envisagée pour l’exercice du droit et conduit à l’extinction du droit s’il est dépassé.

Note : Le délai de prescription élimine le droit d’intenter un procès si un droit n’est pas utilisé pendant une certaine période, mais le droit lui-même continue d’exister. Par exemple ; si un débiteur paie une dette qui a expiré, il ne peut pas la réclamer car il a payé une dette légalement existante même si elle a expiré. D’autre part, le délai de forclusion fait complètement disparaître le droit qui n’est pas utilisé dans un certain délai.

 

a – Délai de forclusion pour la mère

L’article 303 du Code civil turc n° 4721 réglemente le délai pour que la mère intente un procès en paternité. En conséquence :

  • La mère doit intenter le procès en paternité dans un délai d’un an à compter de la naissance.
  • Le procès peut également être intenté avant la naissance de l’enfant.
  • S’il existe des raisons justifiant le retard après l’expiration du délai d’un an, le procès peut être intenté dans un délai d’un mois à compter de la disparition de la raison.

Dans un procès en paternité intenté par la mère contre le père biologique, la Cour suprême a donné des exemples de raisons justifiées qui causeraient un retard dans le délai de forclusion d’un an :


” (…) Selon l’article 303 du Code civil turc, le droit de la mère d’intenter un procès en paternité doit être exercé dans un délai d’un an à compter de la naissance de l’enfant. Cependant, si le comportement frauduleux du défendeur a causé l’expiration de ce délai, cette situation peut être acceptée comme une raison justifiée empêchant l’introduction du procès. Des facteurs tels que le défendeur vivant avec la demanderesse malgré son mariage, acceptant d’être le père de l’enfant, faisant des promesses de mariage et reportant les procédures de reconnaissance de l’enfant ont été considérés comme des raisons justifiant le retard de la demanderesse à intenter le procès. Assemblée générale des chambres civiles Affaire : 2023/383 Décision : 2024/294 Date : 29.05.2024 (…)”


 

Note : Dans un procès en paternité intenté avant la naissance, l’affaire se poursuit en désignant un tuteur pour l’enfant. De plus, dans ces cas, la naissance est considérée comme une question préliminaire. Car si l’enfant est mort-né, il ne sera pas possible d’acquérir une personnalité, donc aucun lien de filiation ne sera formé entre le père et l’enfant.

Point à noter : S’il existe déjà une relation de filiation entre l’enfant et un autre homme, le délai de forclusion d’un an commence à partir de la date à laquelle cette relation est terminée.

 

b – Délai de forclusion pour l’enfant

Selon les réglementations juridiques actuelles, il n’y a pas de délai de forclusion pour l’enfant pour intenter un procès en paternité. Ce changement important a été réalisé avec deux décisions critiques de la Cour constitutionnelle :

  • Décision du 27.10.2011 avec l’affaire n° 2010/71, décision n° 2011/143
  • Décision du 15.03.2012 avec l’affaire n° 2011/116, décision n° 2012/39

Avec ces décisions, l’enfant a acquis le droit d’intenter un procès en paternité à tout moment après avoir atteint la majorité. Cette réglementation est d’une grande importance en termes de protection des droits de l’enfant et de garantie du droit à l’identité.

 

 

3 – Parties au procès en paternité

A) Demandeurs

Les personnes qui peuvent intenter un procès en paternité sont la mère et l’enfant (Code civil turc Art. 301/para. 1). La mère et l’enfant ont le droit d’intenter un procès indépendamment l’un de l’autre. Par conséquent, la perte du procès par l’un ne constitue pas un jugement définitif pour l’autre ; le renoncement de l’un n’affecte pas l’autre.

a – Mère

La mère exerce son droit d’intenter un procès en paternité, qu’elle a indépendamment de l’enfant, en son propre nom, et non au nom de l’enfant. Puisque le droit d’intenter un procès en paternité est un droit strictement personnel, la mère n’a pas besoin d’avoir une pleine capacité d’agir, avoir la capacité de discernement est suffisant. Cependant, si elle n’a pas la capacité de discernement, un représentant peut intenter ce procès au nom de la mère. De plus, la mère ne peut pas intenter un procès en tant que représentante de l’enfant.

b – Enfant

Pour l’enfant, il est admis que le procès en paternité sera intenté par un tuteur au nom de l’enfant mineur. (Code civil turc Art. 301/para. 3). Le tuteur peut demander non seulement une décision sur la paternité dans ce procès, mais aussi une pension alimentaire pour l’enfant. De plus, si l’enfant a la capacité de discernement, l’enfant lui-même demandera la pension alimentaire, et non le tuteur.

Un enfant qui est majeur et a la capacité de discernement peut intenter et conduire le procès en paternité personnellement.

 

Note : Dans les anciennes décisions de la Cour suprême, il y avait des décisions indiquant que le père pouvait également intenter ce procès. La raison donnée était que le but de l’article pertinent devrait être interprété de manière large. Cependant, au fil du temps, on constate qu’il y a une tendance dominante dans les décisions de la Cour suprême selon laquelle il est invalide pour le père d’intenter ce procès. Par conséquent, considérant à la fois la disposition explicite de la loi et les décisions de la Cour suprême rendues ces dernières années, il faut admettre que le père ne peut pas intenter ce procès.

 

B) Défendeurs

a – Père

Selon l’article 301 du Code civil turc, le procès en paternité est intenté principalement contre le père. Si le père manque de capacité de discernement pendant le procès, il est représenté par un représentant légal. De plus, même si le père est mineur ou restreint pendant le procès, il peut suivre le procès. La raison en est que le procès en paternité est un droit strictement personnel.

Selon le Code civil turc, un “mineur” est une personne qui n’a pas encore atteint 18 ans et n’est pas majeure. Les mineurs sont dans la catégorie de la capacité limitée, ce qui signifie qu’ils peuvent effectuer certaines transactions quotidiennes mais ont besoin de l’approbation de leurs parents ou tuteurs pour des décisions juridiques importantes. Ce statut limite les droits et la capacité d’agir de la personne, vise à la protéger et se poursuit jusqu’à l’âge de 18 ans (sauf dans des cas exceptionnels).

b – Héritiers

Si le père est décédé, le procès est alors dirigé contre les héritiers du père. Après la notification aux héritiers, ils continuent en tant que défendeurs dans le procès. Les demandeurs ne peuvent pas réclamer de pension alimentaire aux héritiers. La raison en est que la pension alimentaire à donner pour l’enfant est un droit qui concerne la mère et le père.

c – Situation de notification

Le procès en paternité est notifié au Procureur public et au Trésor ; si le procès est intenté par la mère, au tuteur ; s’il est intenté par le tuteur, à la mère.

La Cour suprême a souligné dans une décision que ne pas notifier est un motif de cassation : ” (…) Dans le cas concret, le procès a été intenté par l’enfant, et la décision a été prise sans notifier le Procureur public et le Trésor. Bien qu’il soit obligatoire de notifier le Procureur public et le Trésor du procès en paternité (Code civil turc 301/dernier), poursuivre le procès et prendre une décision sur le fond sans notifier le Bureau du Procureur général et le Trésor est contraire à la procédure et à la loi. Pour cette raison, il a été décidé de casser la décision 2ème Chambre civile Affaire : 2021/7492 Décision : 2022/9677 Date : 29.11.2022 (…)”

 

4 – Charge de la preuve et preuves

Dans un procès en paternité, la charge de la preuve incombe généralement à la partie demanderesse. Cependant, l’article 302 du Code civil turc introduit une présomption. En conséquence :

Le fait que le défendeur ait eu des rapports sexuels avec la mère entre le trois centième et le cent quatre-vingtième jour avant la naissance de l’enfant est présumé être la paternité.

Cette présomption renverse la charge de la preuve. En d’autres termes, si le demandeur prouve l’existence de rapports sexuels pendant cette période, il est admis que l’enfant est du défendeur et la charge de prouver le contraire passe au défendeur. Même si c’est en dehors de cette période, s’il est établi que le défendeur a eu des rapports sexuels avec la mère pendant la période réelle de conception, la même présomption s’applique.

Note : Les 300ème et 180ème jours exprimés comme la période de grossesse indiquent les limites dans lesquelles une femme peut biologiquement tomber enceinte. Par ailleurs, bien que rarement, une femme peut être enceinte pendant plus de 300 jours. Pour que cette situation constitue une preuve dans un procès en paternité, elle doit être prouvée par des méthodes médicales.

Si la mère demanderesse a eu des rapports sexuels avec plus d’un homme pendant la période de grossesse, le défendeur peut réfuter la présomption de paternité en prouvant que la probabilité qu’un autre homme/d’autres hommes soit/soient le père est plus élevée.

 

A) Outils de preuve

Pour prouver la paternité, il est important de prouver l’existence de rapports sexuels entre la mère et le père potentiel. Pour cela, des outils de preuve tels que la correspondance sur les réseaux sociaux, le fait de séjourner fréquemment chez l’un et l’autre, les déclarations d’amis témoins peuvent être utilisés.

La loi donne au juge la liberté d’utiliser ces preuves. En d’autres termes, une preuve qu’une des parties considère comme forte et présente au tribunal peut être considérée comme complètement ou partiellement faible par le juge. Par exemple ; même si un défendeur qui nie la paternité prouve que la femme a utilisé une méthode contraceptive lorsqu’ils ont eu des rapports sexuels, cela peut ne pas être considéré comme une preuve suffisante à elle seule dans cette affaire. Le juge doit étayer cela avec d’autres preuves.

Par ailleurs, il existe également des outils de preuve médicaux plus fiables :

a – Examen sanguin

La détermination de la paternité par examen sanguin est une ancienne méthode utilisée dans la détermination de la filiation et repose sur le principe de l’héritage des gènes des parents à l’enfant. Elle nécessite l’analyse conjointe d’échantillons de sang de la mère, de l’enfant et du père potentiel. Alors qu’une incompatibilité des groupes sanguins peut définitivement rejeter la paternité, la compatibilité seule ne prouve pas la paternité et devrait être étayée par d’autres preuves.

b – Examens de similitude

Les examens de similitude (examens anthropobiologiques) sont une autre méthode médicale utilisée dans la détermination de la filiation. Dans cette méthode, les caractéristiques physiques de l’enfant et du père présumé sont comparées et les similitudes et différences morphologiques entre eux sont examinées. Cependant, ces tests ne peuvent pas être utilisés comme preuve si la paternité a été définitivement rejetée à la suite de tests sanguins. Si le test sanguin indique la possibilité de paternité, les tests de similitude peuvent être évalués comme un élément de soutien aux autres preuves. Un point important est que ces tests ne peuvent être effectués qu’après que l’enfant a atteint l’âge de trois ans.

c – Test ADN

L’outil de preuve le plus important dans les procès en paternité est le test ADN. Avec un test ADN, la paternité peut être déterminée avec une précision de 99,99%. La Cour suprême a également souligné l’importance des tests ADN dans bon nombre de ses décisions.

Cependant, d’autres preuves peuvent également être utilisées en plus des tests ADN. Par exemple, les déclarations de témoins, les documents montrant que la mère vivait avec le défendeur pendant la période où elle est tombée enceinte, les déclarations ou comportements du défendeur reconnaissant l’enfant peuvent également être utilisés comme preuves.

Les tests ADN peuvent être effectués avec divers échantillons tels que des cheveux, de l’urine, de la salive et des échantillons de tissus en plus du sang. Une décision de juge est nécessaire pour que le test soit effectué, et les personnes concernées sont envoyées à l’établissement d’examen avec leurs bras scellés avec un mandat photographié.

Le point à noter est que si le défendeur refuse de se soumettre à un test ADN, cette situation sera évaluée contre le défendeur.

Note : En cas de décès du père, un test ADN peut être effectué avec des échantillons de tissus ou d’os prélevés sur la tombe.

c – Techniques de procréation assistée et la question du procès en paternité

Les techniques de procréation assistée soulèvent de nouvelles questions juridiques complexes en matière de procès en paternité. En particulier, des pratiques telles que le don de sperme, le don d’ovules et la gestation pour autrui remettent en question le concept traditionnel de paternité et nécessitent de nouvelles approches juridiques.

Un point important à noter est qu’en droit turc, seuls les couples mariés peuvent bénéficier de techniques de procréation assistée avec leurs propres cellules reproductives. Les pratiques telles que le don de sperme, le don d’ovules et la gestation pour autrui sont interdites.

Cependant, en cas de recours à de telles pratiques à l’étranger ou par des moyens illégaux malgré cette interdiction, le statut juridique des enfants à naître comporte des incertitudes. Dans ce cas, considérant le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant, chaque cas concret doit être évalué dans ses propres conditions.

Par exemple, dans un procès en paternité à intenter en Turquie pour un enfant né par don de sperme à l’étranger, comment faire la distinction entre le père génétique et le père légal constitue un problème important. Dans de tels cas, les règles de droit international privé peuvent également entrer en jeu.

 

5 – Tribunal compétent et autorisé dans le procès en paternité

A) Tribunal compétent

Le Tribunal compétent détermine quel type de tribunal traitera l’affaire selon l’objet du procès. Selon la loi sur l’établissement, les devoirs et les procédures judiciaires des tribunaux de la famille n° 4787, les procès en paternité relèvent de la compétence des Tribunaux de la famille. Dans les endroits où des tribunaux de la famille indépendants n’ont pas été établis, la tâche est confiée au Tribunal civil de première instance désigné par le Conseil supérieur des juges et des procureurs.

Note : En fonction de la limite monétaire qui change chaque année, les procès en dessous de cette limite sont traités par le Tribunal civil de paix, tandis que ceux au-dessus sont traités par le Tribunal civil de première instance. Cependant, dans les procès en paternité, même s’il y a une demande monétaire, le Tribunal de la famille traite l’affaire indépendamment de cette limite monétaire.

B) Tribunal autorisé

Le tribunal autorisé détermine dans quel endroit le procès sera entendu. L’article 283 du Code civil turc a apporté une réglementation spéciale concernant le tribunal autorisé dans les procès en paternité :

Les procès relatifs à la filiation sont intentés devant le tribunal du lieu de résidence de l’une des parties au moment du procès ou de la naissance.

Cette disposition accorde au demandeur une juridiction facultative. Le demandeur peut intenter un procès devant le tribunal de son propre lieu de résidence ou devant le tribunal du lieu de résidence du défendeur.

Si aucune des parties n’a de lieu de résidence en Turquie dans un procès en paternité, le tribunal autorisé est déterminé selon l’article 41 de la Loi sur le droit international privé et la procédure (MÖHUK).

ARTICLE 41 – (1) Les procès relatifs au statut personnel des citoyens turcs seront entendus devant le tribunal ayant compétence territoriale en Turquie s’ils ne sont pas ou ne peuvent pas être intentés devant les tribunaux d’un pays étranger, en l’absence d’un tel tribunal, devant le tribunal du lieu où la personne concernée réside, si elle ne réside pas en Turquie, devant le tribunal de son dernier lieu de résidence en Turquie, et si cela n’est pas non plus disponible, devant l’un des tribunaux d’Ankara, Istanbul ou Izmir.

 

6 – Procédure judiciaire dans le procès en paternité

Dans les procès en paternité, des règles judiciaires spéciales réglementées à l’article 284 du Code civil sont appliquées. Le but de ces règles est de déterminer la vérité matérielle sans aucun doute dans les questions liées à la filiation.

L’un des points importants est que le juge enquêtera sur les faits matériels d’office et appréciera librement les preuves (Code civil turc Art. 284/b.1). De plus, les parties et les tiers sont obligés de consentir aux enquêtes et examens qui ne présentent pas de danger pour leur santé et sont jugés nécessaires par le juge pour la conclusion de l’affaire (Code civil turc Art. 284/b. 2).

 

7 – Mesures temporaires dans le procès en paternité

L’article 333 du Code civil turc permet de prendre des mesures temporaires pour protéger l’enfant pendant le processus du procès en paternité. En conséquence :

Si une pension alimentaire est demandée en même temps que le procès en paternité et que le juge trouve la possibilité de paternité forte, ils peuvent décider d’une pension alimentaire appropriée pour les besoins de l’enfant avant le jugement.

Cette disposition a été introduite pour éviter que l’enfant ne soit victimisé pendant le processus du procès. Si le juge trouve la possibilité de paternité forte, ils peuvent statuer sur une pension alimentaire temporaire pour l’enfant même avant de rendre un jugement final.

Point à noter : Cette pension alimentaire temporaire peut être réclamée selon les dispositions de l’enrichissement sans cause si la paternité n’est pas jugée à l’issue du procès.

 

 

8 – Transactions des parties mettant fin au procès

Un procès en paternité est un type de procès spécial qui concerne l’ordre public. La nature unique de ce procès limite considérablement le pouvoir de disposition des parties sur l’objet du procès. Cependant, il existe une possibilité pour les parties de mettre fin au procès dans certaines conditions. Dans cette section, nous examinerons les transactions des parties qui mettent fin au procès en paternité.

A) Renonciation

La renonciation est l’abandon de la demande par le demandeur. Cette transaction, définie à l’article 91 du Code de procédure civile, est également possible dans les procès en paternité. Les demandeurs, à savoir la mère ou l’enfant, peuvent mettre fin au procès en renonçant à la demande de jugement de paternité.

Caractéristiques de la renonciation :

a) Déclaration unilatérale de volonté : La renonciation est réalisée par la déclaration unilatérale de volonté du demandeur. L’acceptation du défendeur n’est pas nécessaire.

b) Effet de jugement définitif : La renonciation constitue un jugement définitif au sens matériel. Par conséquent, la partie renonçante ne peut pas intenter à nouveau un procès avec la même demande.

c) La renonciation partielle est possible : Les demandeurs peuvent renoncer non seulement à la demande de jugement de paternité, mais aussi à une partie de leurs demandes de compensation et de pension alimentaire.

Points importants :

  • La renonciation peut être faite jusqu’à ce que le jugement devienne définitif.
  • La renonciation peut être faite oralement à l’audience ou soumise au tribunal par écrit.
  • Lorsqu’un procès est intenté par un tuteur au nom de l’enfant, le tuteur doit obtenir l’autorisation du Tribunal civil de paix pour renoncer.

Note : Comme nous l’avons mentionné dans notre section “Parties au procès”, dans les cas où la mère et l’enfant sont demandeurs ensemble, la renonciation de l’un n’affecte pas l’autre.

Conséquences de la renonciation :

  • Le tribunal décide de rejeter l’affaire suite à la renonciation.
  • La partie renonçante ne peut plus intenter de procès avec la même demande.
  • La renonciation a un effet rétroactif.

B) Acceptation

L’acceptation est le consentement du défendeur à la demande du demandeur. L’acceptation, réglementée à l’article 92 du Code de procédure civile, met normalement fin au procès. Cependant, comme le procès en paternité concerne l’ordre public, l’acceptation dans ce procès n’a pas de conséquences juridiques.

Statut de l’acceptation dans le procès en paternité :

  • L’acceptation du procès par le défendeur n’empêche pas le tribunal de recueillir des preuves et de mener un examen.
  • Malgré l’acceptation du défendeur, le tribunal est obligé d’enquêter pour savoir si la paternité est réellement en question.

C) Règlement

Le règlement est le fait que les parties à un procès en cours mettent fin au litige qui fait l’objet du procès par accord mutuel. Comme le procès en paternité concerne l’ordre public, les parties ne peuvent pas complètement mettre fin au procès par règlement.

Application du règlement dans le procès en paternité :

  • Le règlement ne peut pas être fait sur la question de la demande de paternité.
  • Cependant, le règlement est possible sur les questions de pension alimentaire et de compensation demandées en même temps que le procès.

Conditions pour la validité du règlement :

  1. Le règlement ne peut être fait que sur des questions annexes telles que la pension alimentaire et la compensation.
  2. Le règlement fait doit être dans l’intérêt de l’enfant.
  3. Le règlement doit être approuvé par le tribunal.

Point à noter : Le tribunal est obligé de prendre en compte les intérêts de l’enfant lors de l’approbation du règlement. Tout accord de règlement qui nuit aux droits de l’enfant ne sera pas approuvé.

D) Révision

La révision est une voie de recours extraordinaire qui permet d’entendre à nouveau une décision de justice définitive en raison de certaines erreurs ou déficiences procédurales graves. Dans les procès en paternité, la question de la révision a acquis une importance particulière, notamment avec l’utilisation généralisée de méthodes scientifiques avancées telles que les tests ADN.

a – Évaluation du test ADN comme motif de révision

C’est une question controversée de savoir si une révision peut être demandée sur la base d’un test ADN effectué ultérieurement et montrant le contraire de la décision du tribunal, contre les décisions de procès en paternité qui ont été rendues et finalisées avant l’utilisation généralisée des tests ADN, qui sont actuellement la preuve la plus efficace et définitive utilisée dans les procès de filiation.

Points de vue dans la doctrine :

  • Selon un point de vue, le résultat du test ADN est une nouvelle preuve et devrait être accepté comme motif de révision.
  • Un autre point de vue soutient qu’accepter les tests ADN comme motif de révision saperait le principe de sécurité juridique.
b – Conséquences de la révision dans les procès en paternité

Lorsqu’une demande de révision est acceptée et qu’une nouvelle décision est prise, les effets de cette décision peuvent être les suivants :

a) Annulation de la décision de paternité précédente

b) Correction de la filiation

c) Réévaluation des paiements de pension alimentaire et de compensation rétroactifs

d) Réorganisation des droits de succession

En conclusion, la révision dans les procès en paternité a gagné en importance notamment avec le développement de méthodes scientifiques qui donnent des résultats définitifs tels que les tests ADN. Cependant, un équilibre doit être trouvé entre le principe de sécurité juridique et la révélation de la vérité matérielle.

 

9 – Conséquences du procès

Le jugement rendu à l’issue d’un procès en paternité a des conséquences très importantes pour l’enfant, la mère et le père. Dans cette section, nous examinerons les effets du jugement de paternité sur les parties et la situation juridique qui en résulte.

A) Conséquences pour l’enfant

Établissement de la filiation : Lorsque le procès en paternité est accepté et que le jugement devient définitif, une relation de filiation est établie entre l’enfant et son père. Cette relation est valable à partir de la date de conception de l’enfant.

Nom de famille : Selon la règle générale réglementée à l’article 321 du Code civil turc, si les parents de l’enfant sont mariés, ils peuvent prendre le nom de famille de leur famille, sinon, ils peuvent prendre le nom de famille de leur mère. Cependant, si un enfant né hors mariage est reconnu par le père par un procès en paternité ou par reconnaissance, il prend le nom de famille du père.

Citoyenneté : Un enfant né hors mariage d’un père citoyen turc et d’une mère étrangère acquiert la citoyenneté turque si les procédures et principes pour établir la filiation sont remplis (Loi sur la citoyenneté turque Art.7/3).

Garde : Même si la filiation est établie entre un enfant né hors mariage et le père, la garde continuera à rester à la mère.

Exception : Si la mère est mineure, restreinte, décédée, ou si la garde lui a été retirée, le juge peut donner la garde au père ou nommer un tuteur selon l’intérêt de l’enfant.

Droit de succession : Selon l’article 498 du Code civil turc, un enfant dont la filiation est établie à la suite d’un procès en paternité devient un héritier comme les parents dans le mariage du côté du père. En d’autres termes, il n’y a pas de différence entre les enfants nés dans et hors mariage en termes d’héritage.

Pension alimentaire : L’enfant acquiert le droit de réclamer une pension alimentaire à son père. Cette pension alimentaire continue jusqu’à ce que l’enfant atteigne la majorité. Selon l’article 328 du Code civil turc, si l’enfant poursuit ses études même s’il a atteint la majorité, la pension alimentaire peut continuer jusqu’à la fin des études.

Note : La date de début du paiement de la pension alimentaire est la date du procès.

Par exemple, dans un procès en paternité intenté contre le père biologique, la Cour suprême a cassé la décision du Tribunal selon laquelle la pension alimentaire à payer devrait commencer “après que le jugement de paternité devient définitif“, avec la justification que la pension alimentaire devrait être payée “à partir de la date du procès” :


“(…) L’affaire est liée à la paternité et aux demandes de pension alimentaire temporaire et pour enfant qui sont accessoires au procès en paternité. Le tribunal de première instance a obtenu un rapport ADN d’un établissement médical ordinaire, a enquêté sur les situations économiques et sociales des parties, a accepté l’affaire et a statué sur la détermination de la paternité, et 1 000 TL de pension alimentaire mensuelle pour enfant à partir de la date du procès pour l’enfant commun. L’homme défendeur a fait appel de cette décision, et la cour d’appel régionale, qui a mené l’examen en appel, a décidé que la pension alimentaire pour enfant devrait être payée à partir de la date où le jugement de paternité devient définitif.

Comme clairement réglementé à l’article 333 du Code civil turc, une pension alimentaire peut être demandée en même temps que le procès en paternité, et si le juge trouve la possibilité de paternité forte, ils peuvent décider d’une pension alimentaire appropriée pour les besoins de l’enfant avant le jugement. Pour ces raisons, puisqu’il est également établi que le défendeur est le père de l’enfant, il est nécessaire de statuer sur la pension alimentaire à partir de la date du procès, et la décision a été cassée pour cette raison 2ème Chambre civile Affaire : 2021/10407 Décision : 2022/1840 Date : 28.02.2022 (…)”


B) Conséquences pour la mère

a – Compensation matérielle :

Selon l’article 304 du Code civil turc, la mère peut demander le remboursement de certaines dépenses au père en même temps que le procès en paternité ou séparément.

Dépenses qui peuvent être réclamées :

  1. Frais de naissance : Les dépenses telles que les frais d’hôpital pour la naissance, les honoraires de sage-femme, les coûts de médicaments peuvent être comptés à cet égard.
  2. Frais de subsistance pour six semaines avant et après la naissance : Ce sont les dépenses que la mère a faites pour vivre pendant cette période. Par exemple, les paiements de loyer, les dépenses de nourriture et de boisson, les dépenses résultant de l’incapacité de la mère à travailler peuvent être comptés.
  3. Autres dépenses requises par la grossesse et la naissance : Des exemples de dépenses faites pendant la grossesse incluent les aides engagées pendant la grossesse, les médicaments de grossesse, les frais d’examen, les frais d’avortement effectués pour des raisons médicales.

b – Compensation morale

Il ne serait pas correct de donner une réponse claire sur la question de savoir si une compensation morale peut être demandée dans le cadre du procès en paternité. Contrairement à l’ancien Code civil n° 743, la loi n° 4721 ne contient pas de disposition explicite selon laquelle la mère peut réclamer une compensation morale. La loi réglemente seulement que les dépenses faites par la mère pour l’enfant avant et après la naissance peuvent être demandées au titre de “compensation matérielle“. Cependant, lorsque nous examinons la jurisprudence de la Cour suprême, nous voyons que des décisions sont prises qui contredisent directement ou indirectement la loi aux côtés de décisions qui se conforment à cette disposition de la loi.

Jurisprudence changeante de la Cour suprême

Les décisions de la Cour suprême sur cette question ont changé au fil du temps et des décisions contradictoires ont été prises entre différentes chambres. Lorsque nous examinons ces décisions chronologiquement :


Décision de la 2ème Chambre civile de la Cour suprême du 20.04.1976 avec l’affaire n° 1976/2112, décision n° 1976/3465 : Il a été déclaré que la personne qui est jugée être le père d’un enfant né hors mariage ne peut pas réclamer de compensation morale car il n’y a pas de disposition dans la loi qui rend cela possible. Cette décision a souligné que la demande de compensation morale devrait être rejetée.


Décision de la 4ème Chambre civile de la Cour suprême du 26.09.2018 avec l’affaire n° 2018/3586, décision n° 2018/5675 : Il a été souligné que la compensation morale devrait être accordée au motif que le fait que le défendeur ne reconnaisse pas la paternité et ne se soucie pas du demandeur malgré le fait de savoir que le demandeur était son propre enfant a négativement affecté l’état mental du demandeur. Cette décision, contrairement à l’exemple de la décision précédente, a montré que la demande de compensation morale pouvait être acceptée.


Décision de la 4ème Chambre civile de la Cour suprême du 29.11.2018 avec l’affaire n° 2016/12466, décision n° 2018/7427 : Il a été déclaré que la compensation morale devrait être accordée au motif que le défendeur a causé au demandeur de grandir comme un enfant sans père et de ressentir du chagrin et de la douleur en ne reconnaissant pas la paternité pendant des années malgré le fait de savoir que c’était son propre enfant. Cette décision est également en faveur de l’acceptation de la demande de compensation morale, similaire à la décision précédente.


Décision de la 8ème Chambre civile de la Cour suprême du 11.02.2019 avec l’affaire n° 2017/8640, décision n° 2019/1253 : Il a été déclaré qu’il n’y a pas de réglementation concernant la compensation morale dans les procès en paternité dans le Code civil turc n° 4721. Cette décision a également souligné l’absence de réglementation légale, parallèlement à la première décision d’exemple.


Décision de la 4ème Chambre civile de la Cour suprême du 17.09.2020 avec l’affaire n° 2019/1015, décision n° 2020/2839 : Il a été déclaré que la compensation morale devrait être accordée en faveur du demandeur, en considérant des facteurs tels que le fait que le défendeur ne reconnaisse pas l’enfant commun et le fasse grandir sans père, que le demandeur ait dû assumer seul le devoir et la responsabilité parentale depuis la naissance de l’enfant, et que le défendeur ait évité la responsabilité paternelle. Cette décision est en faveur de l’acceptation de la demande de compensation morale et fournit des justifications plus détaillées.


Évaluation juridique

À la lumière de ces décisions, on constate que la question de la compensation morale dans les procès en paternité est toujours un sujet controversé et qu’il existe des différences d’opinion même entre les chambres de la Cour suprême.

Alors que l’absence de disposition explicite dans la loi constitue une justification pour rejeter la demande dans certaines décisions, dans d’autres décisions, il a été décidé qu’une compensation devrait être accordée en tenant compte des intérêts de l’enfant et des dommages moraux subis.

À l’avenir, on peut s’attendre à ce qu’une réglementation juridique plus claire soit faite sur cette question ou qu’une norme soit établie par l’unification de la jurisprudence de la Cour suprême. Cependant, pour l’instant, le résultat des demandes de compensation morale dans les procès en paternité reste incertain et une évaluation séparée doit être faite pour chaque cas.

Autres points de vue sur la compensation morale :

Il existe des points de vue soutenant que si les rapports sexuels qui ont causé la naissance constituent une atteinte aux droits personnels de la mère ou constituent l’un des “crimes contre l’inviolabilité sexuelle” réglementés dans le Code pénal turc, dans ce cas, une compensation morale peut être réclamée en raison du “délit” réglementé à l’article 49 du Code des obligations turc.

 

Pour plus d’aide ou de consultation sur ce sujet, vous pouvez nous contacter.

Procès en paternité pour un enfant né hors mariage en Turquie

 

 

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